Je crois finalement
que tout a commencé avec le BMX. Il y a quelques années de cela,
j’ai commencé en street/park. Honnêtement, j’étais plutôt
mauvais, je me demande même si ce n’est pas les trajets
maison-skatepark qui m’amusaient le plus. A cette époque, c’était
l’âge d’or du BMXfreestyle « moderne », on
remplissait les skatepark avec nos vélos miniatures. C’était le
temps des grosses productions américaines de webvids, le temps où
Soul existait encore en papier, le temps où Julien Leyreloup roulait
pour BSD (vous comprendrez plus tard pourquoi j’évoque ce nom).
Puis l’envie de
personnaliser mon vélo est venue, toujours quelque chose à changer,
à ajuster, des heures durant dans le garage. Mes tous premiers pas
et les premières erreurs, à la recherche de l’esthétique.
Mais à force de
peur et de chutes, j’ai décidé d’arrêter. Quand beaucoup ont
pris le chemin BMX → Fixie → Vélo de route, j’ai choisis une
voie parallèle BMX → Randonneuses anciennes → Vélo de route.
Avec l’aide de mon mentor en la matière, RV alias Choun ou
Bikibike, j’ai passé du temps dans son atelier les yeux
écarquillés devant ses vélos d’artisans dont sa randonneuse Jo
Routens.
Il est venue le
temps de mon premier « vrai » vélo, un Reynolds 531
stické « Genius » trouvé chez Choun, un joli bleu
pailleté, liseret or sur les raccords, des roues typées voyage, un
groupe campa 8V et un porte bagages. Loin de mon idéale de la
randonneuse, bien trop difficile de trouver un vrai cadre de
randonneuse à ma taille sans dépenser une fortune, mais pleinement
satisfaisant comme ça.
Car oui, entre temps, je me suis forgé mon
idéal de la randonneuse : soudobrasée, galbée, garde boues
enveloppant, avec une bonne touche de chromes.
Quand j’ai entendu
parler d’un concours de machines, réédition d’un événement né
et défunt dans la première moitié du siècle dernier, organisé
cette année par le magazine 200 et les cycles Victoires, dont le
co-fondateur est Julien Leyreloup (le voilà!), y aller était une
évidence !
Cerise sur la
gâteau, Cyfac m’a proposé d’y participer en tant
qu’accompagnateur dans leur équipe, je n’ai pas hésité une
seule seconde.
Après beaucoup de
tentatives infructueuses pour commencer à écrire un article sur ce
Concours de Machines qui m’en a mis plein les yeux, voilà enfin un
petit récit sur ce long week end merveilleux, vu depuis l’équipe
Cyfac.
Jeudi 30 Juin
Arrivée à la Fuye
vers 9h30, le soleil illumine la belle campagne tourangelle. Personne
dans les bureaux, je finis pas trouver Fabien au fond du bâtiment,
près de l’atelier de peinture/vernis ; il fignole la machine
que je découvre, avec Damien non loin, qui aura passé un nombre
d’heures incalculables à la fabriquer.
Je fais connaissance
des artisans qui composent Cyfac sur les différents ateliers, en me
joignant à la pause de 10h avec eux, l’accueil est chaleureux.
Puis c’est
l’arrivée d’Aymeric, avec Romain Cueff, le pilote désigné de
la machine. Aymeric est fier de son bébé, le temps investit semble
rentabilisé rien qu’à la beauté de celle-ci.
Enfin vient les
derniers réglages, j’en profite pour en faire quelques uns sur la
randonneuse qu’ils me prêtent pour l’occasion, la « Vintage »
orange vue dans le magazine 200. Romain teste sa machine sur route
pour l’appréhender, s’habituer au système eTap. J’ai le droit
aussi à mon petit tour, ça avance tout seul et le eTap facile
d’utilisation, l’essai est cependant bien trop court…
Il doit être près
de midi maintenant quand Aymeric vient me trouver pour une livraison
express sur Ambert : François Cau d’Edelbikes n’a pas
encore reçu ses sacoches Ortlieb QL3 commandé chez son bouclard, or
il s’avère que Cyfac est le distributeur Ortlieb en France et que
la commande, passée sur le tard, est encore dans les locaux !
Hop, je prend ma bagnole direction Ambert.
Arrivé sur place je
trouve François, lui file un coup de main pour monter les supports
de ses sacoches, et je découvre les machines: émerveillement
total ! Enfin toutes les machines ne sont pas encore arrivées…
Devant le boulodrome
où sont photographiées les randonneuses, je discute avec le duo de
La Fraise, le cadreur fait les derniers réglages pour son pilote
avant le shooting. A l’intérieur je retrouve quelques têtes
connues dont Victor et sa compagne Sina, et j’amorce de nouvelles
rencontres, ça papote…
Cyfac arrive vers
19h pour présenter la machine, puis c’est le tour de Perrin avec
Sylvain et Elisabeth, sa pilote que je connais bien. La séance de
papotage se finit vers 21h, découverte du gîte vers 00h, une demie
heure pour préparer les vivres du lendemain (autonomie totale exigée
et peu de bourgs pour s’approvisionner), la nuit sera courte pour
Romain et moi...
Vendredi 1er
Juillet
Levé à 3h45,
départ 4h15 du gîte. On essaie de ne rien oublier en partant, le
départ sera donné pour 5h à Ambert, dans le noir.
Malgré la petite
nuit, la motivation est grande.
Dès la première
bosse vers les hauteurs surplombant Ambert, mon pilote part comme une
mobylette en suivant le groupe de tête, je sais que ce n’est pas
la peine de le suivre sous peine d’être cramé avant d’avoir
commencé. Je pense encore à ce moment là pouvoir le revoir plus tard,
mais je me fous le doigt dans l’oeil jusqu’au coude !
Je me retrouve à
rouler un petit moment avec Ely qui découvre sa boîte de vitesse
Rohloff, on est rejoint par un petit groupe dont Alain Puiseux qui
vient de se faire déposer par sa voiture d’assistance, sa mission
du jour est de continuer à tester un vélo de route Lapierre. Le
groupe éclate un peu en allant sur Saint-Victor-sur-Arlanc, dans une
sacré côte de quelques km. Peu après je recolle un groupe composé
de Matthieu (PechTregon), Philippe de Berthoud et Jean sur son Look
jaune. On restera une grosse partie de la rando ensemble, se perdant
sur un joli détour de 15 km. Pause salvatrice à Chambon sur Dolore,
on fait le plein des bidons à la fontaine de la place et, alors que
nous sommes sur le départ, à notre grande surprise nous voyons
débarquer Jan Heine accompagné de Sina et Chris + Julie de Julie
Racing Design sur leur magnifique tandem acier-carbone avec remorque
faite maison qu’ils présentent au concours. Eux aussi ont tricoté
un peu sur le trajet, ça fait nous sentir un peu moins idiots… Jan
Heine en profite pour jouer pleinement son rôle de juré en grimpant
sur la randonneuse PechTregon avec sa fourche particulière inspirée
du mtb.
Le groupe commence à
partir un peu vite, je décide de rester en retrait avec Philippe,
nous roulons presque exactement au même rythme.
Puis vient le col de
Chansert depuis Vertolaye 16 km 750m de d+. Philippe a un coup de mou
et m’a déjà dit plusieurs fois que je pouvais partir, je pars.
C’est long… Un peu trop ! Je croise Sébastien Klein puis
Clément sur son Edelbikes, ils y vont tranquillement et ils ont
raison, il y en a deux derrière celui-ci. Ça, je ne le sais pas.
Bref, arrivé là haut je fais une pause. Un RCA est là pour nous
encourager (sont partout ces RCA…), je vide ma gourde et mange un
bout puisque je n’arrivais pas à manger dans l’ascension.
Clement s’arrête lui aussi, Sébastien passe puis Ely (Tiens, la
voilà ! Je la pensais devant), je lui emboîte le pas et la
repasse dans la descente. On s’arrête faire le plein sur la
station camping-car, on en a bien besoin ! Clément passe à son
tour, il descend super à l’aise sur sa machine.
Au final on est
quatre pour attaquer le col des Supeyres, 13 km un peu plus de 500m
de d+. Dans les premiers km, Ely et Clément partent, Sébastien a
une crampe et se laisse glisser le temps de reprendre. Il me
dépassera avant le sommet. J’en ai marre ! Mais toute une
équipe est là pour nous encourager, et quelques jurés sont là
pour voir passer les pilotes.
Je demande s’il y
a un échappatoire plus rapide sur Ambert, on me répond que oui.
Mais si je veux de la route, il me faut impérativement descendre sur
St Antheme, ou faire demi-tour…
Je file sur St
Antheme sans savoir que je n’échapperai pas à un troisième col !
Heureusement, une option est possible : le col des Pradeaux,
256m par 3 % de moyenne, une gentille rampe pour rentrer sur
Ambert. C’est pas tant l’épuisement physique, même s’il y en
a, mais c’est l’usure du moral, l’énervement face au dénivelé
qui me fait prendre cette descision. Finalement, je ne pense pas
avoir raté grand-chose de la rando, le plus beau est déjà passé.
Je redescend sur
Ambert et voilà, la rando est fini, je me suis bien donné pendant
ces 12h de selle.
Et mon pilote ?
Il est là, avec le sourire, il est arrivé 3h avant moi avec le
peloton de tête. Ils ont roulé comme des balles sans faire de
pauses, à peine pour reprendre de l’eau. Je lui tire franchement
mon chapeau, pour une première dans ces conditions, il a assuré !
On passe une soirée
tranquille dans le gîte, des pâtes et du sommeil au menu pour être
frais le lendemain.
Samedi 2 Juillet
Aujourd’hui c’est
l’ascension du col du Béal.
Le début est une
rando tranquille jusqu’au pied de l’ascension. Je tape la
causette avec Andouard, qui a présenté une randonneuse qui m’a
charmé pour le concours. Il me dit s’être attaché à réaliser
une machine vraiment commercialisable et pas seulement une bête de
concours. Je trouve ça réussi !
Un départ officiel
de l’ascension nous arrête quelques minutes, pour c’est parti !
Je commence avec Philippe et Seena, puis j’appuie un peu plus parce
qu’étonnamment, je me sens en forme ! Apres avoir dépassé
pas mal de vélos plastique non sans satisfaction, je fais un bon
bout de l’ascension avec Elodie qui roule pour Swanee. On papote,
en évoquant notamment la structure vieillissante et peu
séduisante de la FFCT. En attendant elle gère sur son vélo cadré
par Swanee (Fée du vélo) !
Sur les 500 dernier
metres j’en remet une couche pour mon ego, j’y retrouve mon
pilote en pleine forme et Baptiste Pic. Un bout de pâté, de la
fourme et un verre de rouge plus tard, je commence à m’impatienter
pour amorcer la descente, il caille dans le brouillard coiffant le
col…
Enfin, on redescend
en se tirant la bourre avec Baptiste. J’adore les descentes de col,
relancer, prendre les meilleures trajectoire, j’en oublie le danger
jusqu’à prendre une épingle un peu juste, qui ne me refroidit pas
tant que ça… La randonneuse Vintage est un vrai rail mais se manie
bien, et ses cantis freinent au poil, je suis en confiance.
Je croise le Baron
et sa fille sur le tandem (tiens, le v’là çui là!) qui terminent
leur ascension sous les applaudissement des spectateurs.
Arrivée sur Ambert,
on retourne au gîte prendre une douche et se changer pour passer
l’après midi tranquillement sur les stands du salon, et le plus
attractif : la buvette (le Baron y avait une place attitré, il
fallait s’en douter). Les machines sont exposées au public et
suscitent l’intérêt des visiteurs, les questions fusent, c’est
plaisant.
Après le repas
direction le bar, c’est match de foot ce soir. L’entrain et la
bonne humeur règnent dans l’équipe, mais je suis bien épuisé.
Dimanche 3 Juillet
Aujourd'hui c’est
l’épreuve de gravel. C’est décidé, je ne veux pas rouler.
On me propose de
monter dans une voiture suiveuse. L’expérience me tente carrément,
je n’ai encore jamais vécu ça !
Apres quelques
déboires pour l’organisation des voiture, on finit par former une
équipe Cyfac sur le tard, mais ça y est on est sur le parcours du 80km. On
s’arrête 3-4 fois pour prendre des photos et encourager les cyclos qui tirent la langue.
En rentrant, on
récupère un blessé qui, dans la confusion, sera récupéré à
l’arrache par les pompiers quelques km plus loin, bon
rétablissement à lui !
De retour à Ambert,
Romain est déjà là mais avec le dérailleur eTap dans la main :
la patte de dérailleur démontable au sauté !
Cette casse ne
passera pas au contrôle du jury, même si la patte a joué son rôle
de fusible, le vélo n’est plus utilisable normalement la
patte de rechange étant restée à La Fuye. L’aigreur se sent, mais
personne n’est fautif, il faut relativiser .
A 16h00 les
résultats tombent. Dans l’ordre, le podium est formé par les
Cycles Victoire remarqués pour la qualité et la fiabilité globale
de leur randonneuse (1er), Goblin-Milc remarqués pour leur système
de suspension (2e), et PechTregon remarqué pour sa
fourche inhabituelle (3e).
JRD reçoit un prix
spécial motivé pas les suffrages obtenus par le public, la qualité
du travail et l’originalité d’avoir présenté un tandem.
Enfin Sébastien
Klein reçoit le prix du meilleur rookie pour sa jolie randonneuse,
qui roulera encore sans nul doute des dizaines de milliers de
kilomètres !
Qu’est-ce que je
retiens de tout ça ?
C’était un super
événement, beaucoup de débauches de moyens de la part des artisans
que le concours a vraiment motivé pour aller au-delà de leurs
limites respectives. Je retiendrai aussi l’intérêt qu’il a
suscité auprès du public, le monde du vélo artisanal semble(ait) à
part, j’espère que ce concours permettra de le désenclaver en
l’exposant le plus possible au cyclistes de tous bords, et plus
particulièrement ceux n’ayant jamais roulé autre chose que des
vélos de série en carbone Taïwanais.
Je tiens à
féliciter l’organisation et du concours, et de la cyclo Les
Copains pour avoir fait de cet événement ce qu’il fut.
Enfin un grand merci
à Cyfac pour m’avoir permis d’y participer, m’avoir intégré
dans l’équipe le temps d’un long week end, sans vous je n’aurais
jamais pu vivre ce concours aussi fortement. On se reverra très vite
;)
Vivement le Concours
de Machines 2018 !
(Certaines photos ne m'appartiennent pas mais je ne sais plus à qui je les aies empruntées, si vous voulez voir apparaître votre nom ou que je les retire, veuillez me le notifier)