L’année 2017 est
terminée, c’est l’heure de faire les comptes et de se souvenir
du meilleur, et de cette aventure en particulier
C’était il y a un
an déjà, un an que je décidai de m’engager sur la BTR 2017. Six
mois avant le départ. A ce moment là, le temps devant moi me
paraissait presque infini, j’étais loin de me douter dans quoi je
m’embarquais.
Au printemps, en
guise de préparation, un premier brevet de 200 dans le Poitou, puis
un second, le désormais rituel BRM 200 d’Angers à pignon fixe. Un
peu léger. Alors début Mars, en courant après le temps pour
m’entraîner, je tente de le rattraper lors d’un week end sportif
dans le Massif Central, écourté par la mouise.
Bref, le 9 Juin,
jour du départ, j’étais confiant dans ma résistance mentale,
beaucoup moins dans mon état de forme alors bien attaqué par le
manque de sommeil et de préparation.
L’aventure partait
bien pourtant : j’avais réussi à me dégoter un billet TGV
Tours – Strasbourg direct avec emplacement vélo (la SNCF
lâche trop rarement ce genre de pépite sur les rails), j’étais
hébergé chez mon cousin que je n’avais pas vu depuis bien dix ans
et que je me faisais une joie de revoir, et je découvrais
Strasbourg, amie des cyclistes et de l’espace Schengen.
Vendredi, la sortie
de Strasbourg par la zone portuaire est un peu compliquée ;
entre les poids lourds et les prostituées je ne me sens pas à ma
place. Je rejoins le canal d’Alsace avant de couper plein ouest
dans la plaine, direction le Mont Sainte Odile. L’ascension est
ponctuée de grosses averses : alors que le matin même je me
prélassais au soleil sur le toit terrasse vue cathédrale du duplex
cossu dans lequel j’ai dormi la nuit précédente, le ciel
désormais bien foncé lâche de ses tâches noires de grosses
averses, ponctuant la grimpette vers le départ. La montée bientôt
terminée, voilà Denis qui débarque sur sa toute nouvelle
randonneuse JRD, un bijou. Je lui confie que je serais déjà très
heureux de franchir la ligne d’arrivée dans le temps imparti, je
n’en attends pas plus.
En réalité, j’ai
découpé mentalement ce trajet en deux parties : avant et après
l’enchaînement Grimsel – Simplon. Ce sont ces deux difficultés
que je redoute, parce que oui je pars avec un autre handicap, je n’ai
jamais grimpé de col alpin. L’objectif premier, franchir cet
enchaînement. Ensuite, advienne que pourri (SCARM copyright).
Revenons à l’abbaye
de Hohenbourg en haut du Mont Sainte Odile. Tous les partants se sont
regroupés dans le hall d’exposition pour se mettre à l’abri. On
tente de récupérer avant le départ, on peaufine les derniers
détails, on recharge les batteries et on remplit les bidons. Après
un repas plutôt copieux et lourd, le brieffing de départ est
annoncé. Luc Royer nous rappelle les règles évidentes de
circulation, l’esprit dans lequel il veut que nous abordions
l’aventure (et non la course), et nous souhaite bonne route.
Départ.
La pluie s’est
calmée. Je me suis bien couvert pour la descente. Je me place au
milieu du peloton, qui descend plutôt prudemment avec le noir et
l’humidité. Pourtant j’ai envie de prendre de la vitesse ;
plus que l’ascension, je m’éclate en descente. D’ailleurs, à
peine 1km de parcouru et Paf ! J’ai pincé sur une caillasse,
et écorché légèrement les flancs extra light des Compass…
Le maillot du SCARM,
le maillot poissard, je l’ai emporté…
Après avoir changé
de chambre à air, la nuit se passe plutôt tranquillement. Le
parcours suit plus ou moins le Rhin, à travers la plaine. Je me sens
bien et l’ivresse de la nuit me fait appuyer un peu trop, mais
consciemment : le Mont Blauen m’attend, et je sais que je vais
y souffrir moralement. Je fais une pause dans les rues désertes de
Mulheim avant de me jeter dans la gueule du loup. Ça grimpe
doucement, puis il faut quitter la route principale avant de se
retrouver devant le mur. L’obscurité intensifie l’impression. Je
me bats avec le dénivelé, debout sur les pédales. Je coupe
l’éclairage qui clignote par le manque de vitesse quand je n’ai
pas besoin de me signaler. La lune, bien présente, me suffit pour
voir la route.
Avant d’atteindre le sommet, il faut tourner à droite à la fourche, d’où descendent d’autres participants arrivés bien avant moi. Au sommet, le gros du peloton est déjà reparti, c’est l’heure de manger une salade que j’avais apporté pour l’occasion. Après une quinzaine de minutes de pauses, j’amorce la descente en regardant attentivement un emplacement pour dormir : le jour commence tout juste à pointer son nez au plus froid de la nuit, il faut que je dorme. Le perron de l’étage d’un bâtiment de stade fera l’affaire, un participant est déjà là. Deux personnes nous rejoignent peu après.
Avant d’atteindre le sommet, il faut tourner à droite à la fourche, d’où descendent d’autres participants arrivés bien avant moi. Au sommet, le gros du peloton est déjà reparti, c’est l’heure de manger une salade que j’avais apporté pour l’occasion. Après une quinzaine de minutes de pauses, j’amorce la descente en regardant attentivement un emplacement pour dormir : le jour commence tout juste à pointer son nez au plus froid de la nuit, il faut que je dorme. Le perron de l’étage d’un bâtiment de stade fera l’affaire, un participant est déjà là. Deux personnes nous rejoignent peu après.
Deux heures plus
tard, je décide de repartir pour ne pas perdre de temps et atteindre
la Suisse : j’aimerais être au pied du Grimsel dans la
soirée.
Après avoir mangé
un croissant à la crème pâtissière en Allemagne, la traversé de
la suisse sur les itinéraires cyclable est tout simplement magique
et calme ; en contrepartie je m’ajoute quelques kilomètres et
mets à mal ma moyenne en choisissant les chemins (roulants). Une
bonne plâtrée de pâtes à midi ; j’en vois passer quelques
uns alors que je prends mon temps à l’ombre.
Puis Lucerne et son lac m’éblouissent. Arrive Méringen après deux petits cols successifs, il est 19h00 et j’ai envie d’arrêter là pour aujourd’hui. Je tourne pour trouver un spot de bivouac, mais finis par prendre une chambre d’hôtel en dépit d’endroit acceptable. Je m’endors à 21h00 sans aucun problème sans mettre de réveil, je veux récupérer. Sept heures de sommeil profond…
Puis Lucerne et son lac m’éblouissent. Arrive Méringen après deux petits cols successifs, il est 19h00 et j’ai envie d’arrêter là pour aujourd’hui. Je tourne pour trouver un spot de bivouac, mais finis par prendre une chambre d’hôtel en dépit d’endroit acceptable. Je m’endors à 21h00 sans aucun problème sans mettre de réveil, je veux récupérer. Sept heures de sommeil profond…
Départ prévu pour
4h30/5h. Je me rends compte que le soleil de la veille m’a bien
cramé. Ce sera manches longues et jambières pour les jours
suivants. Je m’étais déjà fait avoir le long du Léman,
décidément le soleil et les lacs…
Avant l’ascension
du Grimsel, je croise Swanee et Stéphane qui viennent de se mettre
en selle après avoir bivouaqué un peu avant. A ce moment ci, je ne
sais pas encore quel col sera au menu de l’après-midi ; il me
reste à choisir entre le Simplon et le Nufenen.
L’approche me
paraît interminable, derrière chaque pallier s’en cache un
nouveau, le sommet me fuit. A côté de nous passent sans répit
motos et grosses voiture de sport, mes oreilles apprécient peu...
Après avoir bataillé, les derniers lacets font leur apparition. A
ce moment, l’ombre de la montagne laisse place au soleil, déjà
brûlant en cette fin de matinée. Au sommet, quelle joie ! Des
skieurs ayant profité des dernières neiges arrivent des hauteurs.
Je décide de ne pas trop traîner, j’ai déjà perdu assez de
temps comme ça, ou du moins je n’ai pas encore compris que le
temps qui s’écoule, c’est très secondaire.
La descente est un
pur régal. En bas, je croise un groupe de touristes à mobylette :
c’est plutôt original ! Allez, je roule jusqu’à la
bifurcation pour le Nufenen et je me décide. Voyant toutes les motos
s’y lancer, je renonce et pousse jusqu’à Brig au pied du
Simplon. Là, gros coup de barre. Il fait chaud, je mange et fais une
grosse sieste.
Au moment de
repartir, je traîne la patte. Il est déjà près de 14 heures… Je
vois alors passer Swanee et Stéphane que j’avais laissé dans
l’ascension du Grimsel, c’est décidé je les suis. Plus nous
grimpons sur la veille route, plus la chaleur se fait sentir. Swanee
aussi est KO, mais semble plus déterminée à affronter ce morceau,
alors que je parle déjà de m’arrêter dormir pour reprendre à
17h. Une fontaine salvatrice se dresse alors sur le bord de la route,
l’eau est fraîche et paraît succulente dans ces conditions.
On y fait le plein, et visiblement nous ne sommes pas les seuls à en avoir profité au moment opportun : deux belges en vélo de randonnée que nous suivions depuis quelques minutes s’y sont aussi arrêtés. Eux repartent plus vite, pressé par les délais de cette BTR. Ils sont plutôt impressionnants avec leurs gros vélos équipé de sacoches arrières, leur rythme est remarquable.
On y fait le plein, et visiblement nous ne sommes pas les seuls à en avoir profité au moment opportun : deux belges en vélo de randonnée que nous suivions depuis quelques minutes s’y sont aussi arrêtés. Eux repartent plus vite, pressé par les délais de cette BTR. Ils sont plutôt impressionnants avec leurs gros vélos équipé de sacoches arrières, leur rythme est remarquable.
De nombreuses pauses
se succèdent dans cette ascension. L’ancienne route rejoint
l’actuelle qui d’une 2x2 voies se réduit en 2 voies. Mais
bizarrement, c’est beaucoup plus supportable que dans le Grimsel,
sans doute grâce à la route plus large. Les derniers grands lacets
se font sous des tunnels semi-ouverts, à l’ombre et au frais, quel
bonheur !
Arrivé au sommet,
le sentiment de l’affaire accomplie brillamment, on fait le plein
d’eau et saluant de nouveau les belges qui viennent de finir leur
arrêt au bar. Puis on amorce la descente, peu sinueuse et large. La
vitesse monte, je décide de ne pas attendre Swanee et Stéphane et
plutôt de profiter de ce toboggan géant, nous saurons nous
retrouver plus bas. Le compteur GPS ne tarde pas à afficher 80km/h :
le vélo chargé et la géométrie agressive de ce vélo me font
lever le pied, bien que je me sente en confiance. C’est une tuerie
cette descente ; peu de pilotage mais grandes sensations !
Arrivée en bas, je
trouve un petit supermarché pour faire le plein bien qu’on soit
Dimanche. En sortant, voilà Swanee et Stéphane qui font leur
apparition. C’est l’heure de la pause Magnum, le premier d’une
longue série. Swanee apprend au même moment qu’Alain n’est pas
au mieux de sa forme, et vient de rejeter le contenu de son estomac à
cause d’une isolation. Alain était parti avec eux, et s’était
retrouvé derrière, souffrant déjà d’une grande fatigue. Il
tentera de s’avancer avec le train demain, après une nuit à
l’hôtel au sommet du Simplon.
Nous repartons alors
que la soirée commence à arriver. Nous voulons atteindre le
Mottaronne, ou au moins sont pied. L’approche paraît
interminable, j’ai tellement envie de m’arrêter et de me poser,
de m’empiffrer, après cette journée particulièrement éprouvante.
Les deux cols plus la chaleur nous ont tous bien entammés. C’est
chose faite à Stresa, dans une pizzeria. Mes deux compères avalent
pâtes et pizza, je me contenterai que d’une pizza. Nous repartons
la nuit tombée, direction Gignese pour s’avancer dans l’ascension
et trouver un spot de Bivouac. Les habitations mettent du temps à
s’espacer, et quand un coin est libre c’est qu’il est trop
pentu. Mais au bout d’un long moment, alors que tout le monde est à
bout, une aire de pique-nique se découvre sur la droite : c’est
parfait ! Un robinet relié à la source en cerise sur le
gâteau.
La nuit est courte,
et j’ai plutôt mal dormis sur ce sol racineux, sans matelas. Oui,
j’ai fais l’impasse sur le matelas pour partir léger. Mais ça
ira, je me suis suffisamment reposé. L’ascension nous tend les
bras, nous sommes déjà dedans. Une fois les barrières du parc naturel passées, le paysage sauvage fait son apparition. La pente est
plutôt raide et le revêtement granuleux, mais je suis optimiste, je
prends beaucoup de plaisir. Le soleil a fini de se lever lorsque nous
sommes là haut. Nous prenons une photo du check point, admirons le
relief en prenant un sans blanc de petit dej’, et repartons.
La descente est magnifique, le paysage ouvre sur le lac d’Orta et sa vallée. Une fois en bas, il faut longer le lac sur une route ma foi pas terrible. Un arrêt bistro vers 9h pour prendre un coca, et c’est parti. On voit alors arriver Guillaume sur son PlanetX. Il nous dit être plutôt en difficultés, il ne digère plus rien. Il roule avec nous pour relier Turin et prendre un train.
La traversée de la
plaine du Pô n’est vraiment pas facile. Nous roulons sur de
petites routes, pendant que le soleil écrasant et le manque de relief
nous fatiguent beaucoup. Une pause glace à une cinquantaine de
kilomètres de Turin nous redonne un peu d’énergie, mais Guillaume
en est vraiment à bout. Il trouve quand même suffisamment de
courage pour finir, et arriver avec nous à Turin, pour partager un
casse-croûte dans un joli pare-terre rempli de merdes de chien. Il y
a des bancs au moins.
Une fois repartis
nous laissons Guillaume atteindre la gare, alors que nous nous
engageons sur une sorte de « Boulevard des Maréchaux »
en bien plus défoncé et sans aménagement cyclable. Une horreur.
Alors que mon cul ne veut définitivement plus s’asseoir sur cette
Brooks C13 carved, nous croisons un magasin de vélos. J’y achète
une nouvelle selle, ils me l’installent et me la règlent. L’ironie
de l’histoire c’est que j’avais hésité à monter une Selle
Italia Flow avant de partir, en me disant finalement que ce n’était
pas raisonnable de partir sur une selle inconnue alors que, malgré
la gêne lors de l’épopée dans le Massif Central, j’avais déjà
roulé cette C13. Et cette fameuse Italia, c’est celle que je viens
d’acheter au bouclard italien, la même en tous points…
Une fois reparti,
c’est beaucoup mieux. La douleur disparaît peu à peu. La C13 a
trouvé sa place ficelée avec une chambre à air sur la sacoche de
selle, je n’allais quand même pas laisser une selle à 200 boules
qui ne m’appartient pas derrière moi.
La suite de la route
vers l’ascension de Montgenèvre est longue et droite, avec des
bagnoles en quantité. Un arrêt Magnum en soirée fait office de
dîner. Alain nous informe qu’il se trouve dans l’ascension ;
il est arrivé par le train à Susa et s’est avancé pour passer la
frontière et prendre à nouveau le train. Le soleil décline, les
couleurs sont magnifiques, et le trafic disparaît. Cette ascension
ravive mes sentiments du matin, après un passage vers l’enfer dans
la journée. Tout est calme, nous avançons doucement.
Alors que je me
rends compte que la réservation pour la chambre de 4 à Montgenèvre
est programmée un peu tôt, je décide de prendre les devants en
profitant de ma belle forme pour assurer de dormir confortablement.
Je croise Alain peu avant Oulx, il s’était arrêté dans un bar de
camping pour le dîner, Swanee et Stéphane le récupèreront.
L’ascension se
fait dans le calme et la plénitude, le paysage se déroule tout seul
dans le noir. Pour seule animation, quelques camions polonais de
transports express se dirigent vers le sommet pour passer la
frontière. Arrivé à Césane, je croise la Chilkootmobile qui part
à la rencontre de mes trois compères. On me met en garde sur les
deux tunnels interdits aux vélos, qui obligent à prendre l’ancien
itinéraire. La pente forcit alors, et mon rythme ralentit. Mais
l’ivresse de la nuit me fait me sentir tellement bien !
J’arrive alors dans l’itinéraire pour cyclistes et ses vieux
tunnels désaffectés, lugubres et remplis de poussière. On peut y
voir les traces de pneus des cyclistes passés avant. La nuit et
l’éclairage bleuté de mon phare, dans lequel s’échappe une ou
deux chauve-souris, les rendent encore plus glauques.
Une fois sorti des
tunnels, ici Clavière, la frontière me tends les bras ! Je
laisse échapper ma joie, les deux soldats de la carabineri italienne
me regardent d’un drôle d’œil. Bref, je me dépêche, il est
bientôt minuit et j’ai des clés à récupérer dans un hôtel de
Montgenèvre.
Une fois dans la
chambre, une bonne douche et direct au lit. Les trois autres arrivent
près de trois quart d’heure après moi, je les entends à peine
dans mon sommeil.
Il est presque six
heures, nous voilà reparti au petit matin. Il fait froid, plus froid
que la veille. Ou alors, c’est cette descente de col qui est
froide… Nous descendons vers Briançon. A peine arrivés nous
croisons la Team Détente qui émerge de sa nuit d’hôtel. Tout le
monde à la boulangerie pour le petit dej’ ! Puis c’est
reparti, la Team Détente est en forme et envoie gros, objectif le
Ventoux dans la soirée. Nous restons derrière jusqu’à nous faire
distancer. La descente de la vallée sur la N94 est désagréable,
beaucoup de camions passent à quelques cm de nous. Alain nous
quitte à Embrun après une pause café. Nous continuons le long du
lac de Serre-Ponçon.



Direction Sud par la
D942 jusqu’à Tallard et son château, ou nous voyons passer des
supercars bariolées conduites par des gosses de riches se faisant
des vacances « rallye deluxe » (le StreetGasm2000).
A Tallard, c’est
l’heure de bien manger en s’attablant à un petit resto qui sert
des plats bio, ma fois super bien cuisinés. Une petite sieste à
l’ombre dans un parc public pour couronner le tout, et il est déjà
bien 14 heures… Il fait chaud, très chaud, alors une dizaine de
kilomètres plus loin, on s’arrête sous l’arrosage automatique
des vergers, c’est tellement bon !
On se dirige ensuite
vers les Gorges de la Méouge, en s’arrêtant au village Le Plan
situé juste avant pour faire le plein des bidons. Un local nous
informe, en rentrant chez lui, que l’eau de la fontaine n’est pas
potable alors que rien est indiqué dessus. Il nous invite à faire
le plein chez lui ; c’est un cycliste qui tient un gîte, chez
lui, sur la place du village. Il nous donne quelques indications sur
ce que nous allons rencontrer, et nous donne une boîte de pâté
maison pour la route.
Puis nous nous
lançons dans ces gorges Ma-Gni-Fiques ! De jolis soulèvements
rocheux qui ont été mis à jour par la Méouge. Je suis plutôt
époustouflé par les paysages et les vues depuis le début, mais ces
gorges, un havre de paix.
Après avoir
distancé Swanee et Stéphane dans ces gorges, je fais un long arrêt
dîné à Séderon, l’occasion de prendre mon temps et de les
attendre. Il nous reste encore le Col de Macuègne et juste au-dessus
le col de l’Homme Mort à franchir, une broutille.
Arrivés à Sault,
on se prend un demi pour achever cette journée. L’idée est
d’attaquer les pentes du Ventoux pour y dormir. La nuit tombée
nous voilà parti. Je me sens léger, tellement qu’une fois arrivé
au panneau annonçant le départ de l’ascension, je me rends compte
que j’ai oublié mon sac à dos contenant ma poche à eau, mais
surtout tous mes papiers, et mes clés !
Ni une ni deux, je
sprinte jusqu’à Sault comme jamais je ne l’avais fait, le bar
vient de fermer… Heureusement, j’avais laissé mon sac en
terrasse, derrière un panneau qui n’a pas été retiré. Je suis
soulagé ! Retour vers les pentes du Ventoux en 4ième vitesse,
j’y retrouve Swanee et Stéphane qui ont trouvé un coin pour
bivouaquer.
Départ à 4h30 bien
tapés pour attaquer le Ventoux. Je suis en forme, et part seul
devant. La route serpente dans la forêt, le dénivelé peu agressif
me permet de randonner tranquillement. Le jour apparaît peu à peu,
et le paysage de forêt commence tout juste à se découvrir quand je
suis déjà rendu au chalet Reynard. La pente se corse alors,
cependant il n’y a pas de vent, et l’air est frais. C’est long
dans ce paysage désertique, mais entre la vue epoustouflante et la
lecture peinte sur la macadam je me régale. En haut c’est
l’exultation, il est sept heures et le soleil vient de se lever sur
l’horizon, un grand spectacle.
Cela fait maintenant
un peu plus de 4 jours que je suis parti. La réalité me rattrape
alors : dans une semaine jour pour jour, je dois rendre un
mémoire pour la fin de mes études, corrigé et imprimé. Seulement,
à ce moment précis, il doit être achevé à 40 %.
Stratégiquement, c’est chaud et il va falloir choisir.
Première option,
continuer à rouler jusqu’au Mont Aigoual ; je devrais y être
tard dans la soirée, et le BTR sera bouclé. Il me faudra par contre
rouler une demi-journée ensuite pour prendre un train à Rodez,
dormir sur Limoges selon le timing face aux horaires SNCF, et enfin
atteindre Tours.
Seconde option,
renoncer à finir la BTR et prendre tout de suite un train à
Carpentras pour me remonter sur Lyon, et rentrer le soir même sur
Tours. Depuis la veille, je tend à privilégier la seconde option ;
mon carton tamponné de la BTR ne m’aidera sans doute pas à
trouver du boulot, et puis c’est chiant à insérer dans le CV.
J’attends une
heure au sommet le temps de voir débarquer Swanee et Stéphane pour
leur dire au revoir, et descendre du Géant de Provence par
Malaucène. Traversée express de Carpentras, un stop en Avignon,
puis à Lyon où je retrouve une amie, et enfin Tours en direct par
l’Intercité (5h…).
Finalement ce BTR ce
n’était qu’un prétexte pour faire une belle randonnée, passer
au travers de paysages exceptionnel et encore inconnus pour moi. Sans
aucun doute, j’aime la longue distance et l’autonomie, mais par
dessus tout j’aime découvrir. Et le vélo a cette force de
toujours donner ce sentiment d’explorer. Swanee et Stéphane ont
eux atteint le Mont Aigoual juste avant l’heure fatidique, je les
félicite à distance bien que j’aurais aussi aimé être là.
En haut du Ventoux, le gars s'est souvenu qu'il avait un mémoire à rendre, allez zou on rentre à Tours. Boris t'es un bon, un sportsman, élégance et détachement.
RépondreSupprimerChouette récit en tout cas.
Faire du vélo ça laisse du temps pour organiser sa pensée et laisser libre cours à sa créativité. C'est sans doute utile pour un romancier en panne d'inspiration. Pour un mémoire, je peux le dire maintenant, ça ne marche pas.
RépondreSupprimerPour le découvrir il fallait que quelqu'un s'y attèle, je me suis dévoué...