vendredi 15 juillet 2016

Ce n'est que le début de l'Histoire - Concours de Machines 2016



Je crois finalement que tout a commencé avec le BMX. Il y a quelques années de cela, j’ai commencé en street/park. Honnêtement, j’étais plutôt mauvais, je me demande même si ce n’est pas les trajets maison-skatepark qui m’amusaient le plus. A cette époque, c’était l’âge d’or du BMXfreestyle « moderne », on remplissait les skatepark avec nos vélos miniatures. C’était le temps des grosses productions américaines de webvids, le temps où Soul existait encore en papier, le temps où Julien Leyreloup roulait pour BSD (vous comprendrez plus tard pourquoi j’évoque ce nom).

Puis l’envie de personnaliser mon vélo est venue, toujours quelque chose à changer, à ajuster, des heures durant dans le garage. Mes tous premiers pas et les premières erreurs, à la recherche de l’esthétique.

Mais à force de peur et de chutes, j’ai décidé d’arrêter. Quand beaucoup ont pris le chemin BMX → Fixie → Vélo de route, j’ai choisis une voie parallèle BMX → Randonneuses anciennes → Vélo de route. Avec l’aide de mon mentor en la matière, RV alias Choun ou Bikibike, j’ai passé du temps dans son atelier les yeux écarquillés devant ses vélos d’artisans dont sa randonneuse Jo Routens.

Il est venue le temps de mon premier « vrai » vélo, un Reynolds 531 stické « Genius » trouvé chez Choun, un joli bleu pailleté, liseret or sur les raccords, des roues typées voyage, un groupe campa 8V et un porte bagages. Loin de mon idéale de la randonneuse, bien trop difficile de trouver un vrai cadre de randonneuse à ma taille sans dépenser une fortune, mais pleinement satisfaisant comme ça.



Car oui, entre temps, je me suis forgé mon idéal de la randonneuse : soudobrasée, galbée, garde boues enveloppant, avec une bonne touche de chromes.

Quand j’ai entendu parler d’un concours de machines, réédition d’un événement né et défunt dans la première moitié du siècle dernier, organisé cette année par le magazine 200 et les cycles Victoires, dont le co-fondateur est Julien Leyreloup (le voilà!), y aller était une évidence !

Cerise sur la gâteau, Cyfac m’a proposé d’y participer en tant qu’accompagnateur dans leur équipe, je n’ai pas hésité une seule seconde.

Après beaucoup de tentatives infructueuses pour commencer à écrire un article sur ce Concours de Machines qui m’en a mis plein les yeux, voilà enfin un petit récit sur ce long week end merveilleux, vu depuis l’équipe Cyfac.

Jeudi 30 Juin

Arrivée à la Fuye vers 9h30, le soleil illumine la belle campagne tourangelle. Personne dans les bureaux, je finis pas trouver Fabien au fond du bâtiment, près de l’atelier de peinture/vernis ; il fignole la machine que je découvre, avec Damien non loin, qui aura passé un nombre d’heures incalculables à la fabriquer.
Je fais connaissance des artisans qui composent Cyfac sur les différents ateliers, en me joignant à la pause de 10h avec eux, l’accueil est chaleureux.

Puis c’est l’arrivée d’Aymeric, avec Romain Cueff, le pilote désigné de la machine. Aymeric est fier de son bébé, le temps investit semble rentabilisé rien qu’à la beauté de celle-ci.
Enfin vient les derniers réglages, j’en profite pour en faire quelques uns sur la randonneuse qu’ils me prêtent pour l’occasion, la « Vintage » orange vue dans le magazine 200. Romain teste sa machine sur route pour l’appréhender, s’habituer au système eTap. J’ai le droit aussi à mon petit tour, ça avance tout seul et le eTap facile d’utilisation, l’essai est cependant bien trop court…



Il doit être près de midi maintenant quand Aymeric vient me trouver pour une livraison express sur Ambert : François Cau d’Edelbikes n’a pas encore reçu ses sacoches Ortlieb QL3 commandé chez son bouclard, or il s’avère que Cyfac est le distributeur Ortlieb en France et que la commande, passée sur le tard, est encore dans les locaux ! Hop, je prend ma bagnole direction Ambert.

Arrivé sur place je trouve François, lui file un coup de main pour monter les supports de ses sacoches, et je découvre les machines: émerveillement total ! Enfin toutes les machines ne sont pas encore arrivées…
Devant le boulodrome où sont photographiées les randonneuses, je discute avec le duo de La Fraise, le cadreur fait les derniers réglages pour son pilote avant le shooting. A l’intérieur je retrouve quelques têtes connues dont Victor et sa compagne Sina, et j’amorce de nouvelles rencontres, ça papote…
Cyfac arrive vers 19h pour présenter la machine, puis c’est le tour de Perrin avec Sylvain et Elisabeth, sa pilote que je connais bien. La séance de papotage se finit vers 21h, découverte du gîte vers 00h, une demie heure pour préparer les vivres du lendemain (autonomie totale exigée et peu de bourgs pour s’approvisionner), la nuit sera courte pour Romain et moi...

Vendredi 1er Juillet

Levé à 3h45, départ 4h15 du gîte. On essaie de ne rien oublier en partant, le départ sera donné pour 5h à Ambert, dans le noir.



Malgré la petite nuit, la motivation est grande.
Dès la première bosse vers les hauteurs surplombant Ambert, mon pilote part comme une mobylette en suivant le groupe de tête, je sais que ce n’est pas la peine de le suivre sous peine d’être cramé avant d’avoir commencé. Je pense encore à ce moment là pouvoir le revoir plus tard, mais je me fous le doigt dans l’oeil jusqu’au coude !

Je me retrouve à rouler un petit moment avec Ely qui découvre sa boîte de vitesse Rohloff, on est rejoint par un petit groupe dont Alain Puiseux qui vient de se faire déposer par sa voiture d’assistance, sa mission du jour est de continuer à tester un vélo de route Lapierre. Le groupe éclate un peu en allant sur Saint-Victor-sur-Arlanc, dans une sacré côte de quelques km. Peu après je recolle un groupe composé de Matthieu (PechTregon), Philippe de Berthoud et Jean sur son Look jaune. On restera une grosse partie de la rando ensemble, se perdant sur un joli détour de 15 km. Pause salvatrice à Chambon sur Dolore, on fait le plein des bidons à la fontaine de la place et, alors que nous sommes sur le départ, à notre grande surprise nous voyons débarquer Jan Heine accompagné de Sina et Chris + Julie de Julie Racing Design sur leur magnifique tandem acier-carbone avec remorque faite maison qu’ils présentent au concours. Eux aussi ont tricoté un peu sur le trajet, ça fait nous sentir un peu moins idiots… Jan Heine en profite pour jouer pleinement son rôle de juré en grimpant sur la randonneuse PechTregon avec sa fourche particulière inspirée du mtb.





Le groupe commence à partir un peu vite, je décide de rester en retrait avec Philippe, nous roulons presque exactement au même rythme.



Puis vient le col de Chansert depuis Vertolaye 16 km 750m de d+. Philippe a un coup de mou et m’a déjà dit plusieurs fois que je pouvais partir, je pars. C’est long… Un peu trop ! Je croise Sébastien Klein puis Clément sur son Edelbikes, ils y vont tranquillement et ils ont raison, il y en a deux derrière celui-ci. Ça, je ne le sais pas. Bref, arrivé là haut je fais une pause. Un RCA est là pour nous encourager (sont partout ces RCA…), je vide ma gourde et mange un bout puisque je n’arrivais pas à manger dans l’ascension. Clement s’arrête lui aussi, Sébastien passe puis Ely (Tiens, la voilà ! Je la pensais devant), je lui emboîte le pas et la repasse dans la descente. On s’arrête faire le plein sur la station camping-car, on en a bien besoin ! Clément passe à son tour, il descend super à l’aise sur sa machine.



Au final on est quatre pour attaquer le col des Supeyres, 13 km un peu plus de 500m de d+. Dans les premiers km, Ely et Clément partent, Sébastien a une crampe et se laisse glisser le temps de reprendre. Il me dépassera avant le sommet. J’en ai marre ! Mais toute une équipe est là pour nous encourager, et quelques jurés sont là pour voir passer les pilotes.



Je demande s’il y a un échappatoire plus rapide sur Ambert, on me répond que oui. Mais si je veux de la route, il me faut impérativement descendre sur St Antheme, ou faire demi-tour…



Je file sur St Antheme sans savoir que je n’échapperai pas à un troisième col ! Heureusement, une option est possible : le col des Pradeaux, 256m par 3 % de moyenne, une gentille rampe pour rentrer sur Ambert. C’est pas tant l’épuisement physique, même s’il y en a, mais c’est l’usure du moral, l’énervement face au dénivelé qui me fait prendre cette descision. Finalement, je ne pense pas avoir raté grand-chose de la rando, le plus beau est déjà passé.

Je redescend sur Ambert et voilà, la rando est fini, je me suis bien donné pendant ces 12h de selle.

Et mon pilote ? Il est là, avec le sourire, il est arrivé 3h avant moi avec le peloton de tête. Ils ont roulé comme des balles sans faire de pauses, à peine pour reprendre de l’eau. Je lui tire franchement mon chapeau, pour une première dans ces conditions, il a assuré !

On passe une soirée tranquille dans le gîte, des pâtes et du sommeil au menu pour être frais le lendemain.

Samedi 2 Juillet

Aujourd’hui c’est l’ascension du col du Béal.

Le début est une rando tranquille jusqu’au pied de l’ascension. Je tape la causette avec Andouard, qui a présenté une randonneuse qui m’a charmé pour le concours. Il me dit s’être attaché à réaliser une machine vraiment commercialisable et pas seulement une bête de concours. Je trouve ça réussi !

Un départ officiel de l’ascension nous arrête quelques minutes, pour c’est parti ! Je commence avec Philippe et Seena, puis j’appuie un peu plus parce qu’étonnamment, je me sens en forme ! Apres avoir dépassé pas mal de vélos plastique non sans satisfaction, je fais un bon bout de l’ascension avec Elodie qui roule pour Swanee. On papote, en évoquant notamment la structure vieillissante et peu séduisante de la FFCT. En attendant elle gère sur son vélo cadré par Swanee (Fée du vélo) !



Sur les 500 dernier metres j’en remet une couche pour mon ego, j’y retrouve mon pilote en pleine forme et Baptiste Pic. Un bout de pâté, de la fourme et un verre de rouge plus tard, je commence à m’impatienter pour amorcer la descente, il caille dans le brouillard coiffant le col…





Enfin, on redescend en se tirant la bourre avec Baptiste. J’adore les descentes de col, relancer, prendre les meilleures trajectoire, j’en oublie le danger jusqu’à prendre une épingle un peu juste, qui ne me refroidit pas tant que ça… La randonneuse Vintage est un vrai rail mais se manie bien, et ses cantis freinent au poil, je suis en confiance.
Je croise le Baron et sa fille sur le tandem (tiens, le v’là çui là!) qui terminent leur ascension sous les applaudissement des spectateurs.


Arrivée sur Ambert, on retourne au gîte prendre une douche et se changer pour passer l’après midi tranquillement sur les stands du salon, et le plus attractif : la buvette (le Baron y avait une place attitré, il fallait s’en douter). Les machines sont exposées au public et suscitent l’intérêt des visiteurs, les questions fusent, c’est plaisant.









Après le repas direction le bar, c’est match de foot ce soir. L’entrain et la bonne humeur règnent dans l’équipe, mais je suis bien épuisé.

Dimanche 3 Juillet

Aujourd'hui c’est l’épreuve de gravel. C’est décidé, je ne veux pas rouler.

On me propose de monter dans une voiture suiveuse. L’expérience me tente carrément, je n’ai encore jamais vécu ça !
Apres quelques déboires pour l’organisation des voiture, on finit par former une équipe Cyfac sur le tard, mais ça y est on est sur le parcours du 80km. On s’arrête 3-4 fois pour prendre des photos et encourager les cyclos qui tirent la langue.





En rentrant, on récupère un blessé qui, dans la confusion, sera récupéré à l’arrache par les pompiers quelques km plus loin, bon rétablissement à lui !

De retour à Ambert, Romain est déjà là mais avec le dérailleur eTap dans la main : la patte de dérailleur démontable au sauté !
Cette casse ne passera pas au contrôle du jury, même si la patte a joué son rôle de fusible, le vélo n’est plus utilisable normalement la patte de rechange étant restée à La Fuye. L’aigreur se sent, mais personne n’est fautif, il faut relativiser .



A 16h00 les résultats tombent. Dans l’ordre, le podium est formé par les Cycles Victoire remarqués pour la qualité et la fiabilité globale de leur randonneuse (1er), Goblin-Milc remarqués pour leur système de suspension (2e), et PechTregon remarqué pour sa fourche inhabituelle (3e).
JRD reçoit un prix spécial motivé pas les suffrages obtenus par le public, la qualité du travail et l’originalité d’avoir présenté un tandem.
Enfin Sébastien Klein reçoit le prix du meilleur rookie pour sa jolie randonneuse, qui roulera encore sans nul doute des dizaines de milliers de kilomètres !



Qu’est-ce que je retiens de tout ça ?

C’était un super événement, beaucoup de débauches de moyens de la part des artisans que le concours a vraiment motivé pour aller au-delà de leurs limites respectives. Je retiendrai aussi l’intérêt qu’il a suscité auprès du public, le monde du vélo artisanal semble(ait) à part, j’espère que ce concours permettra de le désenclaver en l’exposant le plus possible au cyclistes de tous bords, et plus particulièrement ceux n’ayant jamais roulé autre chose que des vélos de série en carbone Taïwanais.

Je tiens à féliciter l’organisation et du concours, et de la cyclo Les Copains pour avoir fait de cet événement ce qu’il fut.

Enfin un grand merci à Cyfac pour m’avoir permis d’y participer, m’avoir intégré dans l’équipe le temps d’un long week end, sans vous je n’aurais jamais pu vivre ce concours aussi fortement. On se reverra très vite ;)

Vivement le Concours de Machines 2018 !

(Certaines photos ne m'appartiennent pas mais je ne sais plus à qui je les aies empruntées, si vous voulez voir apparaître votre nom ou que je les retire, veuillez me le notifier)


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