Bon allez, pas le temps de niaiser, voici l'épopée...
Je me pointe au départ, sors les affaires et le vélo, vais pour chercher mon carton et là surprise, qui v'la-t'y-pas, Manu! Ça pour le coup c'était pas prévu, il était sensé être sur un autre événement, finalement annulé et il s'est décidé à venir!
On se connaît bien pour avoir roulé pas mal de fois ensemble ces 3 dernières années et causé de BRM cette année en particulier, c'est pour lui aussi son premier 600.
On part par petits groupes, on est 108 (si mes souvenirs sont bons) au départ! Je suis avec Manu, les cadors partent à fond devant...
Je vois "mister singer" avec qui on avait pris quelques relais au 200 de Longjumeau, une belle randonneuse singer bleu et habillé singer de la tête aux pieds que je prenais tout préjugé pour un parisien, il est en fait angevin!
On vient de partir depuis 30 minutes que ça y est, pchiit, Manu a percé sur le pont de Cantenay! Il me sonne de continuer sans l'attendre puisque de toutes manières, nous n'avions pas prévu de rouler ensemble, moi roulant plus vite pour dormir un peu la nuit.
Je file, et au final je me retrouve petit à petit dans le groupe de tête, ils étaient partis très vite mais se sont calmés et font du 26/27 de moyenne, parfait pour moi! Il fait grand soleil et je suis en forme, tout s'annonce bien.
J'y trouve une tripotée de rubans blancs dont lmvv en famille et jéjé, ainsi que Cédric croisé au 200 de l'an dernier et ailleurs... Plus ou moins de nouvelles têtes pour moi, ce sont de beaux rigolos mais qui en ont sous la pédale!
On trace la route, le peloton ne s'arrête pas donc si tu veux te soulager soit tu piques un sprint, soit tu attends le 2e peloton. Je choisis la seconde solution, en profite pour sangler correctement ma sacoche avant Revelate qui bingueballe un peu sur ma lampe avant, bien fixé c'est parfait!
Je reprend le train, le 2e groupe rejoint le 1er alors qu'arrive le premier contrôle au Bourgneuf-la-Forêt: un pain au chocolat, le plein d'eau et ça repart!
Je fais la connaissance de Romain qui viens de la Sarthe, lui aussi fait baisser grandement la moyenne d'âge des engagés avec ses 23 ans, il roule au même rythme que moi et compte rouler toute la nuit si tout va bien, dormir à l'arrache au pire. Il attend la fin du BRM pour savoir s'il s'inscrit sur Paris-Brest-Paris cette année.
C'est bien de rouler mais c'est qu'il est déjà 13h30, et j'ai la dalle! Arrivée dans Sens de Bretagne, c'est là qu'on rejoint le parcours du PBP, et c'est là que je décide de faire ma pause!
Je déboule dans le huit à huit avec mon barda, j'me prend 2 sandwich, une monster et de la plancoët, me fous sur un carré d'herbe au soleil: une pause au goût de bonheur, je me remplis et m'offre une sieste réparatrice!
Allez faut repartir, il reste 450 km à avaler.
Je roule tout seul et c'est carrément mieux qu'en peloton; j'arrive à gérer mon rythme et je profite beaucoup plus du paysage magnifique!
Arrive Dingé, y'a un vélociste d'ouvert mais personne pour pointer. Je croise un BRMiste roulant sur un titane bien sympa qui sort à peine de chez le vélociste et qui a eu son coup de tampon, un ruban blanc apparemment mais je ne vois pas qui... Je trouve le "Bar des amis" où je suis accueilli tout sourire, un coup de tampon de bonne volonté, le gars me file même un stylo gratos parce que j'ai oublié le mien pour marquer les heures de passage et remplir les cartes postales des pointages de nuit...
Je me remets en selle au plus vite, je veux tracer avant que la nuit pointe son nez. Un arrêt dans une haie de champ pour vidanger le repas du midi, du coup je retrouve le gars sur son titane, on cause un peu et je le largue dans la belle côte qui arrive. Arrêt cimetière là haut pour faire le plein d'eau et ça roule. Je croise un gars sur sa randonneuse toute chromée aussi, il ne compte pas s'arrêter cette nuit.
Pointage à La Trinité-Porhoët dans le Bar des Sportifs, c'est un pointage organisé où la tenancière a sorti tampon et stylo, et t'accueil avec un grand sourire: un demi pour les forces, je mange un peu sans m'attarder. Entre temps le gars sur sa randonneuse chromée est arrivé et reparti comme une flèche en avalant un coca, on voit l'expérience de l'arrêt éclair! Je le re-dépasse un peu plus loin, il a l'air de galérer avec sa chaîne...
Le soleil baisse doucement, il est 19h15 quelque chose comme ça, j'ai grave envie d'un panini alors quand vient Loudéac, je me met en quête du saint Graal. Pas besoin d'aller bien loin, sur la place y'a justement un truc d'ouvert, je suis tout seul et me mets en terrasse avec mon panini steack et mon flan.
Le gars avec sa randonneuse chromée arrive à son tour, il galère depuis la dernière fois que je l'ai croisé parce qu'en fait il a pété son dérailleur... Il veux abandonner et cherche la gare.
A la sortie de Loudéac se trouve le camion dans lequel certains ont laissé un sac, mais vu que je n'avais pas lu les trucs importants à lire avant de partir, je ne savais pas qu'yavais ça dans l'orga!
Bon de toutes façons je ne m'en serais pas servi parce que pour moi l'autonomie fait partie de l'esprit du truc, m'enfin chacun fait comme il veut, c'est quand même une super initiative de la part du RCA.
Le gars à la randonneuse chromée est là, pas de trains pour ce soir et aucun moyen d'abandonner, il finira en monovitesse!
C'est aussi un contrôle secret donc un coup de tampon, je remplis ma gourde et ça repart.
J'aimerais au moins atteindre Carhaix, le point le plus à l'Ouest du parcours avant de dormir: la moitié du 600 serait alors passé et le retour psychologique vers Angers serait engagé: plus de motivation pour repartir.
Sur la route à la sortie de St Martin des Prés un gars m'aborde sur le bord de la route: il me demande ce qu'on fait et m'explique à son tour qu'il fait partie du comité organisateur de l'animation qu'il y aura dans le village pour PBP, alors les gars notez ça, y'aura à boire, à manger et à s'asseoir là bas!
Voilà que je rattrape lmvv et sa famille, ça fait un bout de temps que je ne les avais pas vu, je les pensais bien devant! On pointe ensemble à Corlay avec un autre participant, Je repars devant...
La nuit tombe, j'allume mes lampes, test grandeur nature du moyeu dynamo SP SV-9 avec la B&M Cyo IQ premium, au top!!
J'ai bien envie de dormir, Carhaix n'est pas loin mais j'avoue commencer à regarder les sas de banque et les bords de route si jamais y'a un coin sympa, mais bon faudrait que je roule aussi... Et puis finalement l'idée du sas de banque me plaît moyen parce que c'est quand même bien en vue et je suis tout seul, ça ne me rassurerais qu'à moitié de pioncer là dedans...
Carhaix finit par arriver, je croise d'autres participants qui viennent de pointer.
Je me mets à la recherche de la boîte aux lettres (je vous rappelle que je n'ai pas lu les infos importantes, même pas la feuille de route détaillée qui indique l'emplacement de la boîte), je me souviens d'un bureau de poste ou un truc du genre sur une place en remontant le centre-ville, sur la gauche. Il reste quelques bars d'ouverts dégueulant de jeunesse ivre, sûr que je n'irai pas pointer là dedans... Je trouve la fameuse place mais en fait ce n'est qu'une agence de la Poste Bancale (big up Brigadier), donc pas de boîte!
Bon bah tant pis, je vais voir en roulant si je trouve quelque chose. Je finis par tomber sur une pizzeria où une table est occupée, ils se demandent ce que je fous à poser mon vélo contre la vitrine, parient sur le fait que je rentre ou pas...
En fait ils m'ont l'air bien atteint par l'alcool ces bretons, je demande un coup de tampon, tend mon carton au patron qui voit double, son collègue finit par tamponner pendant que les mecs à table se marrent bien de l'improbabilité de la situation: ils sont dans le resto d'un pote en train d'être sur le digestif (enfin le 10e sûrement), le resto est plus ou moins censé être fermé et moi je débarque en gilet fluo et bibshort pour demander un coup de tampon, WTF!? Ils me souhaitent bonne route, je leur souhaite bon courage pour le mal de tête demain, ils m'assurent être habitués...
Je traverse à nouveau le centre de Carhaix, commence à sortir et à regarder de plus près pour dormir: Mr Bricolage? Non. Décathlon? Ah ouais, ça pourrait le faire, c'est au calme et discret, un carton pour protéger mon sac de couchage et servir de tapis de sol pourrait faire l'affaire. Je m'approche, éteint mes lumières, et là le top du top se présente à moi: les tentes de démo Décath'! Faites qu'il n'y ait pas de cadenas, faites qu'il n'y ait pas de cadenas... Bingo, c'est ouvert, elles sont plantées dans le gazon et sont suffisamment grandes pour mon vélo et moi!
Je choisis l'Arpenaz family. Il est minuit, je met mon réveil pour 2h55...
J'ai passé une bonne nuit, j'avais bien fait d'avoir emmené un t-shirt à manches longues en mérinos pour me couvrir la nuit, ça s'est bien rafraîchit... Un brouillard bien épais vient de se lever en plus, pas facile dans la nuit mais pas le choix, il faut y aller.
En repartant je croise un participant en train de somnoler dans un abribus, je lui propose les tente décath' à 200m mais je crois bien qu'il est trop dans le gaz pour comprendre ce que je dis...
Je prend la route pour Rostrenen, je ne vois pas le route pour tracteurs et m'engage dans une bretelle, bon bah ce sera la 4 voies pour commencer... A cette heure-ci y'a personne, je me fais dépasser une fois mais finis par prendre une sortie pour tenter de trouver de la flotte...
Je roule à bon rythme, je tiens la cadence que j'avais avant de dormir.
Avant d'arriver sur Rostrenen j'entend deux clébards aboyer comme des fous, ça ne me surprend pas plus que ça mais là j'en vois un débouler à côté de moi, lui me boufferait bien, moi j'ai surtout peur qu'il vienne se foutre sous ma roue et me fasse chuter! Je lui gueule dessus plus fort que lui, il se calme et rentre chez lui, comme quoi...
Hop à Rostrenen je fais le plein d'eau, je m'enfile des graines et une pom'pot' et vois un groupe du RCA passer. Je les repasse un peu plus loin, je trace mon chemin.
A vrai dire je pensais qu'une fois Carhaix passé, les 2000m de dénivelé restant sur les 5000m allaient s'étaler doucement avec le vent dans le dos et que ça allait passer tout seul sans forcer. En fait c'est pas vraiment le cas: y'a pas tellement de vent et surtout le dénivelé, ce dénivelé... J'ai l'impression d'être en permanence en côte! Du coup mon rythme ralenti bien, grosse baisse de morale tout à coup, je sens que le coup de mou arrive...
Malgré tout il faut que j'avance, objectif Pontivy pour un rapide arrêt histoire de prendre de l'eau et manger un bout. Sur la route à Stival je vois un cyclo tenter de replier une couverture de survie: v'là-t-y pas que c'est Manu! Ah bah tien, je ne pensais pas le revoir de la rando!
Il avait prévu de rouler toute la nuit mais vient de pioncer 1h sur un banc à côté de l'église, mort de fatigue.
On repart donc ensemble, le rythme est plus calme, tant mieux c'est ce qu'il me faut. Il est 6h, on croise des jeunes qui sortent d'une soirée encore bien bourrés, c'est plutôt triste à voir à cette heure-ci...
Je commence à avoir envie de m'enfiler un bon truc, ça fait au moins 2h que je rêve d'un éclair au café... J'aimerais m'arrêter à Josselin, Manu voudrait attendre Ploërmel, le prochain pointage. Fnalement, dans Josselin, après avoir contourné le joli château on passe devant une boulangerie et Manu s'arrête. Super! Je vais pouvoir m'enfiler un éclair au café et mettre un pain au chocolat de côté dans ma sacoche, dé-li-cieux!
Grosse côte pour repartir, on avale la route jusqu'à Ploërmel où on s'arrête boire un thé, pointer, se vider et j'avale mon pain au chocolat de Josselin tip top, on a décidément vraiment bien fait de s'arrêter dans cette boulangerie!
On est tous les deux bien contents de s'être retrouvé pour finir ce BRM, on se redonne un peu de moral. Guer, Bain de Bretagne (où on croise une course cycliste), on mangera à Châteaubriant.
Une piste cyclable nous amène sur les 7 derniers km vers Châteaubriant, on parle depuis pas mal de temps de s'envoyer un Gros Mc, le vice ultime, et je sais qu'il y en a un là bas... Alors en arrivant, ni une ni deux on s'y pointe, on se met sur la terrasse où le soleil tape bien fort.
On s'empiffre de l'affaire salvatrice, une petite sieste rapide, et on s'en va à la recherche d'un tampon pour pointer, chez McDo ils n'en ont pas... Chose faite au Buffalo où une très aimable serveuse me tamponne les 2 cartons sans rechigner.
Voilà, Châteaubriant c'était LE point à atteindre dans mon schéma psychologique pour me dire "ça-y-est, c'est gagné!"
Alors oui c'est de la route pas très drôle et avec de la circulation pour rentrer sur Angers, mais bon au moins y'a pas besoin de réfléchir quant aux directions, et ça roule bien.
On ne s'arrête pas, sauf pour prendre de l'eau à Candé. Le Louroux, Bécon, des noms que je connais bien parce que j'y passe souvent lors de mes sorties du week end.
Mais en passant dans le centre-ville de Bécon on se mange des travaux, à mon tour de crever... Manu au début, moi à la fin, et justement on en causait avant, Manu a lui aussi des jantes DT-Swiss R450 avec lesquelles j'ai eu des soucis de fonds de jantes, et visiblement sa crevaison du départ était bien liée au même soucis, comme quoi...
J'avais mis du scotch d'électricien par-dessus mes fonds de jantes 16mm pour protéger, ça a tenu deux BRM 300 et un 400 mais là en enlevant mon pneu arrière je vois que le scotch est boudiné et a laissé apparaître les trous des têtes de rayons. Mais à l'avant j'ai ma roue avec moyeu dynamo que j'ai tout fraîchement rayonnée le week end précédent, et j'y ai mis un fond de jante schwalbe autocollant de 18mm, et ça semble être la bonne solution. En effet le site de DT Swiss préconise du 16mm mais c'est décidément trop fin!
Allez hop on répare, et on rentre!
J'apprend à l'arrivé que le gars avec son dérailleur cassé sur la randonneuse a déjà fini et que Romain a malheureusement abandonnée, pas de PBP pour lui cette année.
Voilà, c'est fait, 600km de roulés, j'ai du mal à m'en rendre compte mais ça y est...
L'objectif de l'année est remplie, pour rappel je faisais mon premier BRM 200 l'an dernier sur ma vieille randonneuse en acier, et mon second début Mars à Andrésy....
Un grand merci à Manu pour avoir roulé avec moi les 15 premiers et 200 derniers km, et bravo à l'organisation du RCA, bien connue pour être sans failles!
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