samedi 30 décembre 2017

Être pressé de prendre son temps - BTR 2017

   L’année 2017 est terminée, c’est l’heure de faire les comptes et de se souvenir du meilleur, et de cette aventure en particulier

   C’était il y a un an déjà, un an que je décidai de m’engager sur la BTR 2017. Six mois avant le départ. A ce moment là, le temps devant moi me paraissait presque infini, j’étais loin de me douter dans quoi je m’embarquais.

   Au printemps, en guise de préparation, un premier brevet de 200 dans le Poitou, puis un second, le désormais rituel BRM 200 d’Angers à pignon fixe. Un peu léger. Alors début Mars, en courant après le temps pour m’entraîner, je tente de le rattraper lors d’un week end sportif dans le Massif Central, écourté par la mouise.

   Bref, le 9 Juin, jour du départ, j’étais confiant dans ma résistance mentale, beaucoup moins dans mon état de forme alors bien attaqué par le manque de sommeil et de préparation.

   L’aventure partait bien pourtant : j’avais réussi à me dégoter un billet TGV Tours – Strasbourg direct avec emplacement vélo (la SNCF lâche trop rarement ce genre de pépite sur les rails), j’étais hébergé chez mon cousin que je n’avais pas vu depuis bien dix ans et que je me faisais une joie de revoir, et je découvrais Strasbourg, amie des cyclistes et de l’espace Schengen.





   Vendredi, la sortie de Strasbourg par la zone portuaire est un peu compliquée ; entre les poids lourds et les prostituées je ne me sens pas à ma place. Je rejoins le canal d’Alsace avant de couper plein ouest dans la plaine, direction le Mont Sainte Odile. L’ascension est ponctuée de grosses averses : alors que le matin même je me prélassais au soleil sur le toit terrasse vue cathédrale du duplex cossu dans lequel j’ai dormi la nuit précédente, le ciel désormais bien foncé lâche de ses tâches noires de grosses averses, ponctuant la grimpette vers le départ. La montée bientôt terminée, voilà Denis qui débarque sur sa toute nouvelle randonneuse JRD, un bijou. Je lui confie que je serais déjà très heureux de franchir la ligne d’arrivée dans le temps imparti, je n’en attends pas plus.


   En réalité, j’ai découpé mentalement ce trajet en deux parties : avant et après l’enchaînement Grimsel – Simplon. Ce sont ces deux difficultés que je redoute, parce que oui je pars avec un autre handicap, je n’ai jamais grimpé de col alpin. L’objectif premier, franchir cet enchaînement. Ensuite, advienne que pourri (SCARM copyright).

   Revenons à l’abbaye de Hohenbourg en haut du Mont Sainte Odile. Tous les partants se sont regroupés dans le hall d’exposition pour se mettre à l’abri. On tente de récupérer avant le départ, on peaufine les derniers détails, on recharge les batteries et on remplit les bidons. Après un repas plutôt copieux et lourd, le brieffing de départ est annoncé. Luc Royer nous rappelle les règles évidentes de circulation, l’esprit dans lequel il veut que nous abordions l’aventure (et non la course), et nous souhaite bonne route. Départ.






   La pluie s’est calmée. Je me suis bien couvert pour la descente. Je me place au milieu du peloton, qui descend plutôt prudemment avec le noir et l’humidité. Pourtant j’ai envie de prendre de la vitesse ; plus que l’ascension, je m’éclate en descente. D’ailleurs, à peine 1km de parcouru et Paf ! J’ai pincé sur une caillasse, et écorché légèrement les flancs extra light des Compass…

   Le maillot du SCARM, le maillot poissard, je l’ai emporté…

   Après avoir changé de chambre à air, la nuit se passe plutôt tranquillement. Le parcours suit plus ou moins le Rhin, à travers la plaine. Je me sens bien et l’ivresse de la nuit me fait appuyer un peu trop, mais consciemment : le Mont Blauen m’attend, et je sais que je vais y souffrir moralement. Je fais une pause dans les rues désertes de Mulheim avant de me jeter dans la gueule du loup. Ça grimpe doucement, puis il faut quitter la route principale avant de se retrouver devant le mur. L’obscurité intensifie l’impression. Je me bats avec le dénivelé, debout sur les pédales. Je coupe l’éclairage qui clignote par le manque de vitesse quand je n’ai pas besoin de me signaler. La lune, bien présente, me suffit pour voir la route.
Avant d’atteindre le sommet, il faut tourner à droite à la fourche, d’où descendent d’autres participants arrivés bien avant moi. Au sommet, le gros du peloton est déjà reparti, c’est l’heure de manger une salade que j’avais apporté pour l’occasion. Après une quinzaine de minutes de pauses, j’amorce la descente en regardant attentivement un emplacement pour dormir : le jour commence tout juste à pointer son nez au plus froid de la nuit, il faut que je dorme. Le perron de l’étage d’un bâtiment de stade fera l’affaire, un participant est déjà là. Deux personnes nous rejoignent peu après.

   Deux heures plus tard, je décide de repartir pour ne pas perdre de temps et atteindre la Suisse : j’aimerais être au pied du Grimsel dans la soirée.




   Après avoir mangé un croissant à la crème pâtissière en Allemagne, la traversé de la suisse sur les itinéraires cyclable est tout simplement magique et calme ; en contrepartie je m’ajoute quelques kilomètres et mets à mal ma moyenne en choisissant les chemins (roulants). Une bonne plâtrée de pâtes à midi ; j’en vois passer quelques uns alors que je prends mon temps à l’ombre.
Puis Lucerne et son lac m’éblouissent. Arrive Méringen après deux petits cols successifs, il est 19h00 et j’ai envie d’arrêter là pour aujourd’hui. Je tourne pour trouver un spot de bivouac, mais finis par prendre une chambre d’hôtel en dépit d’endroit acceptable. Je m’endors à 21h00 sans aucun problème sans mettre de réveil, je veux récupérer. Sept heures de sommeil profond…






   Départ prévu pour 4h30/5h. Je me rends compte que le soleil de la veille m’a bien cramé. Ce sera manches longues et jambières pour les jours suivants. Je m’étais déjà fait avoir le long du Léman, décidément le soleil et les lacs…

   Avant l’ascension du Grimsel, je croise Swanee et Stéphane qui viennent de se mettre en selle après avoir bivouaqué un peu avant. A ce moment ci, je ne sais pas encore quel col sera au menu de l’après-midi ; il me reste à choisir entre le Simplon et le Nufenen.

   L’approche me paraît interminable, derrière chaque pallier s’en cache un nouveau, le sommet me fuit. A côté de nous passent sans répit motos et grosses voiture de sport, mes oreilles apprécient peu... Après avoir bataillé, les derniers lacets font leur apparition. A ce moment, l’ombre de la montagne laisse place au soleil, déjà brûlant en cette fin de matinée. Au sommet, quelle joie ! Des skieurs ayant profité des dernières neiges arrivent des hauteurs. Je décide de ne pas trop traîner, j’ai déjà perdu assez de temps comme ça, ou du moins je n’ai pas encore compris que le temps qui s’écoule, c’est très secondaire.





   La descente est un pur régal. En bas, je croise un groupe de touristes à mobylette : c’est plutôt original ! Allez, je roule jusqu’à la bifurcation pour le Nufenen et je me décide. Voyant toutes les motos s’y lancer, je renonce et pousse jusqu’à Brig au pied du Simplon. Là, gros coup de barre. Il fait chaud, je mange et fais une grosse sieste.

   Au moment de repartir, je traîne la patte. Il est déjà près de 14 heures… Je vois alors passer Swanee et Stéphane que j’avais laissé dans l’ascension du Grimsel, c’est décidé je les suis. Plus nous grimpons sur la veille route, plus la chaleur se fait sentir. Swanee aussi est KO, mais semble plus déterminée à affronter ce morceau, alors que je parle déjà de m’arrêter dormir pour reprendre à 17h. Une fontaine salvatrice se dresse alors sur le bord de la route, l’eau est fraîche et paraît succulente dans ces conditions.
On y fait le plein, et visiblement nous ne sommes pas les seuls à en avoir profité au moment opportun : deux belges en vélo de randonnée que nous suivions depuis quelques minutes s’y sont aussi arrêtés. Eux repartent plus vite, pressé par les délais de cette BTR. Ils sont plutôt impressionnants avec leurs gros vélos équipé de sacoches arrières, leur rythme est remarquable.
De nombreuses pauses se succèdent dans cette ascension. L’ancienne route rejoint l’actuelle qui d’une 2x2 voies se réduit en 2 voies. Mais bizarrement, c’est beaucoup plus supportable que dans le Grimsel, sans doute grâce à la route plus large. Les derniers grands lacets se font sous des tunnels semi-ouverts, à l’ombre et au frais, quel bonheur !



   Arrivé au sommet, le sentiment de l’affaire accomplie brillamment, on fait le plein d’eau et saluant de nouveau les belges qui viennent de finir leur arrêt au bar. Puis on amorce la descente, peu sinueuse et large. La vitesse monte, je décide de ne pas attendre Swanee et Stéphane et plutôt de profiter de ce toboggan géant, nous saurons nous retrouver plus bas. Le compteur GPS ne tarde pas à afficher 80km/h : le vélo chargé et la géométrie agressive de ce vélo me font lever le pied, bien que je me sente en confiance. C’est une tuerie cette descente ; peu de pilotage mais grandes sensations !

   Arrivée en bas, je trouve un petit supermarché pour faire le plein bien qu’on soit Dimanche. En sortant, voilà Swanee et Stéphane qui font leur apparition. C’est l’heure de la pause Magnum, le premier d’une longue série. Swanee apprend au même moment qu’Alain n’est pas au mieux de sa forme, et vient de rejeter le contenu de son estomac à cause d’une isolation. Alain était parti avec eux, et s’était retrouvé derrière, souffrant déjà d’une grande fatigue. Il tentera de s’avancer avec le train demain, après une nuit à l’hôtel au sommet du Simplon.

   Nous repartons alors que la soirée commence à arriver. Nous voulons atteindre le Mottaronne, ou au moins sont pied. L’approche paraît interminable, j’ai tellement envie de m’arrêter et de me poser, de m’empiffrer, après cette journée particulièrement éprouvante. Les deux cols plus la chaleur nous ont tous bien entammés. C’est chose faite à Stresa, dans une pizzeria. Mes deux compères avalent pâtes et pizza, je me contenterai que d’une pizza. Nous repartons la nuit tombée, direction Gignese pour s’avancer dans l’ascension et trouver un spot de Bivouac. Les habitations mettent du temps à s’espacer, et quand un coin est libre c’est qu’il est trop pentu. Mais au bout d’un long moment, alors que tout le monde est à bout, une aire de pique-nique se découvre sur la droite : c’est parfait ! Un robinet relié à la source en cerise sur le gâteau.

   La nuit est courte, et j’ai plutôt mal dormis sur ce sol racineux, sans matelas. Oui, j’ai fais l’impasse sur le matelas pour partir léger. Mais ça ira, je me suis suffisamment reposé. L’ascension nous tend les bras, nous sommes déjà dedans. Une fois les barrières du parc naturel passées, le paysage sauvage fait son apparition. La pente est plutôt raide et le revêtement granuleux, mais je suis optimiste, je prends beaucoup de plaisir. Le soleil a fini de se lever lorsque nous sommes là haut. Nous prenons une photo du check point, admirons le relief en prenant un sans blanc de petit dej’, et repartons.





   La descente est magnifique, le paysage ouvre sur le lac d’Orta et sa vallée. Une fois en bas, il faut longer le lac sur une route ma foi pas terrible. Un arrêt bistro vers 9h pour prendre un coca, et c’est parti. On voit alors arriver Guillaume sur son PlanetX. Il nous dit être plutôt en difficultés, il ne digère plus rien. Il roule avec nous pour relier Turin et prendre un train.







   La traversée de la plaine du Pô n’est vraiment pas facile. Nous roulons sur de petites routes, pendant que le soleil écrasant et le manque de relief nous fatiguent beaucoup. Une pause glace à une cinquantaine de kilomètres de Turin nous redonne un peu d’énergie, mais Guillaume en est vraiment à bout. Il trouve quand même suffisamment de courage pour finir, et arriver avec nous à Turin, pour partager un casse-croûte dans un joli pare-terre rempli de merdes de chien. Il y a des bancs au moins.



   Une fois repartis nous laissons Guillaume atteindre la gare, alors que nous nous engageons sur une sorte de « Boulevard des Maréchaux » en bien plus défoncé et sans aménagement cyclable. Une horreur. Alors que mon cul ne veut définitivement plus s’asseoir sur cette Brooks C13 carved, nous croisons un magasin de vélos. J’y achète une nouvelle selle, ils me l’installent et me la règlent. L’ironie de l’histoire c’est que j’avais hésité à monter une Selle Italia Flow avant de partir, en me disant finalement que ce n’était pas raisonnable de partir sur une selle inconnue alors que, malgré la gêne lors de l’épopée dans le Massif Central, j’avais déjà roulé cette C13. Et cette fameuse Italia, c’est celle que je viens d’acheter au bouclard italien, la même en tous points…

   Une fois reparti, c’est beaucoup mieux. La douleur disparaît peu à peu. La C13 a trouvé sa place ficelée avec une chambre à air sur la sacoche de selle, je n’allais quand même pas laisser une selle à 200 boules qui ne m’appartient pas derrière moi.

   La suite de la route vers l’ascension de Montgenèvre est longue et droite, avec des bagnoles en quantité. Un arrêt Magnum en soirée fait office de dîner. Alain nous informe qu’il se trouve dans l’ascension ; il est arrivé par le train à Susa et s’est avancé pour passer la frontière et prendre à nouveau le train. Le soleil décline, les couleurs sont magnifiques, et le trafic disparaît. Cette ascension ravive mes sentiments du matin, après un passage vers l’enfer dans la journée. Tout est calme, nous avançons doucement.





   Alors que je me rends compte que la réservation pour la chambre de 4 à Montgenèvre est programmée un peu tôt, je décide de prendre les devants en profitant de ma belle forme pour assurer de dormir confortablement. Je croise Alain peu avant Oulx, il s’était arrêté dans un bar de camping pour le dîner, Swanee et Stéphane le récupèreront.

   L’ascension se fait dans le calme et la plénitude, le paysage se déroule tout seul dans le noir. Pour seule animation, quelques camions polonais de transports express se dirigent vers le sommet pour passer la frontière. Arrivé à Césane, je croise la Chilkootmobile qui part à la rencontre de mes trois compères. On me met en garde sur les deux tunnels interdits aux vélos, qui obligent à prendre l’ancien itinéraire. La pente forcit alors, et mon rythme ralentit. Mais l’ivresse de la nuit me fait me sentir tellement bien ! J’arrive alors dans l’itinéraire pour cyclistes et ses vieux tunnels désaffectés, lugubres et remplis de poussière. On peut y voir les traces de pneus des cyclistes passés avant. La nuit et l’éclairage bleuté de mon phare, dans lequel s’échappe une ou deux chauve-souris, les rendent encore plus glauques.

   Une fois sorti des tunnels, ici Clavière, la frontière me tends les bras ! Je laisse échapper ma joie, les deux soldats de la carabineri italienne me regardent d’un drôle d’œil. Bref, je me dépêche, il est bientôt minuit et j’ai des clés à récupérer dans un hôtel de Montgenèvre.

   Une fois dans la chambre, une bonne douche et direct au lit. Les trois autres arrivent près de trois quart d’heure après moi, je les entends à peine dans mon sommeil.

   Il est presque six heures, nous voilà reparti au petit matin. Il fait froid, plus froid que la veille. Ou alors, c’est cette descente de col qui est froide… Nous descendons vers Briançon. A peine arrivés nous croisons la Team Détente qui émerge de sa nuit d’hôtel. Tout le monde à la boulangerie pour le petit dej’ ! Puis c’est reparti, la Team Détente est en forme et envoie gros, objectif le Ventoux dans la soirée. Nous restons derrière jusqu’à nous faire distancer. La descente de la vallée sur la N94 est désagréable, beaucoup de camions passent à quelques cm de nous. Alain nous quitte à Embrun après une pause café. Nous continuons le long du lac de Serre-Ponçon.








   Pour s’écarter de la N94, petit détour depuis Chorges vers Montgardin, ou comment manger du dénivelé inutilement. Mais c’est vraiment chouette comme coin, nous ne regrettons pas une fois de nouveau sur le petit bout de N94.



   Direction Sud par la D942 jusqu’à Tallard et son château, ou nous voyons passer des supercars bariolées conduites par des gosses de riches se faisant des vacances « rallye deluxe » (le StreetGasm2000).



   A Tallard, c’est l’heure de bien manger en s’attablant à un petit resto qui sert des plats bio, ma fois super bien cuisinés. Une petite sieste à l’ombre dans un parc public pour couronner le tout, et il est déjà bien 14 heures… Il fait chaud, très chaud, alors une dizaine de kilomètres plus loin, on s’arrête sous l’arrosage automatique des vergers, c’est tellement bon !


   On se dirige ensuite vers les Gorges de la Méouge, en s’arrêtant au village Le Plan situé juste avant pour faire le plein des bidons. Un local nous informe, en rentrant chez lui, que l’eau de la fontaine n’est pas potable alors que rien est indiqué dessus. Il nous invite à faire le plein chez lui ; c’est un cycliste qui tient un gîte, chez lui, sur la place du village. Il nous donne quelques indications sur ce que nous allons rencontrer, et nous donne une boîte de pâté maison pour la route.

   Puis nous nous lançons dans ces gorges Ma-Gni-Fiques ! De jolis soulèvements rocheux qui ont été mis à jour par la Méouge. Je suis plutôt époustouflé par les paysages et les vues depuis le début, mais ces gorges, un havre de paix.





   Après avoir distancé Swanee et Stéphane dans ces gorges, je fais un long arrêt dîné à Séderon, l’occasion de prendre mon temps et de les attendre. Il nous reste encore le Col de Macuègne et juste au-dessus le col de l’Homme Mort à franchir, une broutille.





   Arrivés à Sault, on se prend un demi pour achever cette journée. L’idée est d’attaquer les pentes du Ventoux pour y dormir. La nuit tombée nous voilà parti. Je me sens léger, tellement qu’une fois arrivé au panneau annonçant le départ de l’ascension, je me rends compte que j’ai oublié mon sac à dos contenant ma poche à eau, mais surtout tous mes papiers, et mes clés !

   Ni une ni deux, je sprinte jusqu’à Sault comme jamais je ne l’avais fait, le bar vient de fermer… Heureusement, j’avais laissé mon sac en terrasse, derrière un panneau qui n’a pas été retiré. Je suis soulagé ! Retour vers les pentes du Ventoux en 4ième vitesse, j’y retrouve Swanee et Stéphane qui ont trouvé un coin pour bivouaquer.



   Départ à 4h30 bien tapés pour attaquer le Ventoux. Je suis en forme, et part seul devant. La route serpente dans la forêt, le dénivelé peu agressif me permet de randonner tranquillement. Le jour apparaît peu à peu, et le paysage de forêt commence tout juste à se découvrir quand je suis déjà rendu au chalet Reynard. La pente se corse alors, cependant il n’y a pas de vent, et l’air est frais. C’est long dans ce paysage désertique, mais entre la vue epoustouflante et la lecture peinte sur la macadam je me régale. En haut c’est l’exultation, il est sept heures et le soleil vient de se lever sur l’horizon, un grand spectacle.










   Cela fait maintenant un peu plus de 4 jours que je suis parti. La réalité me rattrape alors : dans une semaine jour pour jour, je dois rendre un mémoire pour la fin de mes études, corrigé et imprimé. Seulement, à ce moment précis, il doit être achevé à 40 %. Stratégiquement, c’est chaud et il va falloir choisir.

   Première option, continuer à rouler jusqu’au Mont Aigoual ; je devrais y être tard dans la soirée, et le BTR sera bouclé. Il me faudra par contre rouler une demi-journée ensuite pour prendre un train à Rodez, dormir sur Limoges selon le timing face aux horaires SNCF, et enfin atteindre Tours.

   Seconde option, renoncer à finir la BTR et prendre tout de suite un train à Carpentras pour me remonter sur Lyon, et rentrer le soir même sur Tours. Depuis la veille, je tend à privilégier la seconde option ; mon carton tamponné de la BTR ne m’aidera sans doute pas à trouver du boulot, et puis c’est chiant à insérer dans le CV.

   J’attends une heure au sommet le temps de voir débarquer Swanee et Stéphane pour leur dire au revoir, et descendre du Géant de Provence par Malaucène. Traversée express de Carpentras, un stop en Avignon, puis à Lyon où je retrouve une amie, et enfin Tours en direct par l’Intercité (5h…).





   Finalement ce BTR ce n’était qu’un prétexte pour faire une belle randonnée, passer au travers de paysages exceptionnel et encore inconnus pour moi. Sans aucun doute, j’aime la longue distance et l’autonomie, mais par dessus tout j’aime découvrir. Et le vélo a cette force de toujours donner ce sentiment d’explorer. Swanee et Stéphane ont eux atteint le Mont Aigoual juste avant l’heure fatidique, je les félicite à distance bien que j’aurais aussi aimé être là.

2 commentaires:

  1. En haut du Ventoux, le gars s'est souvenu qu'il avait un mémoire à rendre, allez zou on rentre à Tours. Boris t'es un bon, un sportsman, élégance et détachement.
    Chouette récit en tout cas.

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  2. Faire du vélo ça laisse du temps pour organiser sa pensée et laisser libre cours à sa créativité. C'est sans doute utile pour un romancier en panne d'inspiration. Pour un mémoire, je peux le dire maintenant, ça ne marche pas.

    Pour le découvrir il fallait que quelqu'un s'y attèle, je me suis dévoué...

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